DARIA IVANOVA
Adrienne Arth
Daria Ivanova, photographe et plasticienne franco-russe, travaille l’intime. Intime qu’elle met en scène soit en dessin, portraits et corps nus, soit en photographiant les membres de sa communauté féministe queer.
Dans la ligne d’un Egon Schiele, ses dessins expressionnistes, ses nus presque désossés, désarticulés, travaillés en à-plats de couleur sur un papier brun-jaune qui en accentue la morbidité, parlent la fêlure interne, la vulnérabilité. Ce sont des corps champs de bataille. Frêles, émaciés, comme vidés, soumis à quelque chose qui les dépassent, qu’ils subissent, comme ayant renoncé. Dans leur intensité graphique, leur distorsion incarne une angoisse existentielle, les drames, la solitude, la souffrance, la violence, le sentiment tragique de la vie.
Face à eux, les photos : des visages aux couleurs tendres, empreints de douceur dont émanent à la fois force et fragilité, mais qui dévoilent aussi la tristesse, la dureté ou même l’angoisse que certains regards laissent transparaître.
Regards photographiés comme une porte ouvrant sur les corps représentés.
Un dedans/dehors. Une chair vivante par ses plaies.