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PAMELA TULIZO, FACE TO FACE

Catherine Raspail

Elle s’invente des robes de charbon, d’ampoules et de haricots rouges.
Princesse noire magnétique, elle prend la pose.
Autoportrait en pied éclaboussé de couleurs, Pamela Tulizo fixe l’objectif.
Conçu pendant la pandémie de Covid-19, son « Enfer paradisiaque » nous raconte en quelques robes, le manque de produits essentiels. Elle met le doigt sur l’extrême pauvreté de la RDC, son pays exploité pourtant si riche. Altière, elle s’expose en grand format et accroche nos regards sans ciller.

Perdue en Europe pendant le confinement, Pamela se met en scène dans une cuisine imaginaire aux couleurs pop et flashy. Tournant en ridicule nos réflexes d’enfants gâtés, elle crée des scénettes où le papier hygiénique devient le principal sujet de la photo. Tour à tour aliment, vêtement, on assiste au repas de Pamela ingurgitant des rouleaux de papier, se parant de ses bandes déroulées.

Son père l’avait mise en garde, sa famille s’était opposée : photographe est un métier d’homme.
La belle affaire ! Pamela Tulizo n’entend rien à ces propos sur le genre. Elle sera photographe. Et femme.
Sa série « Double identité » de 2019 met en scène l’image de la Congolaise.
Pamela grandit à Goma, subit la guerre civile et ses conséquences terribles : les violences sexuelles faites aux femmes.
Les photos de cette série mettent en évidence la représentation victimaire et dévalorisante véhiculée par la presse et l’image porteuse d’espoir de femmes battantes luttant contre les injustices sociales.

En nous arrêtant devant les photos de Pamela Tulizo, nous prenons conscience de la résilience fière et déterminée du continent noir, de la force des femmes, du pouvoir infini de l’image.
Nous osons espérer. Pendant que le monde meurt.

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