EST/OUEST de LIZADIE TASTE
La photographie de Lizadie Taste est autant une palette de couleurs que l’on perçoit comme infinie, qu’une fenêtre sur le monde.
Elle dit le dedans et le dehors, et cet extérieur oscille entre art abstrait et vision d’un monde fuyant.
Ici la lumière devient sujet principal et l’équilibre de chaque œuvre tient autant à l’harmonie picturale qu’à la place qu’elle laisse à notre imaginaire.
Édition limitée, numérotée, signée par le photographe et certifiée par un cachet à froid. Format 15x21 cm (format cahier), 80 pages. Papier semi-mat 170 g 36 photographies.
L'INTERVIEW
Pourquoi photographier à travers un verre dépoli ?
J’ai voulu mettre en place un dispositif qui fasse ressortir l’évolution de la lumière tout au long de la journée, la course du soleil d’est en ouest, et qui me permette de composer avec elle. Je pouvais ainsi rendre la lumière visible, tactile, sensorielle, mouvante, grâce à cette surface de verre qui crée des effets de profondeur et de matière vibrionnante, à la manière de couches de peinture.
Quelle importance donnez-vous à la couleur ?
Pour moi, elle est primordiale. C’est le fil conducteur de toutes mes séries : des couleurs naturelles et changeantes des orchidées ou des papillons aux couleurs liées à des territoires que l’on nomme « couleurs locales ». Le confinement a fait que, comme la plupart d’entre nous, je n’ai pu sortir effectuer des prises de vues sur site extérieur. D’où ce travail immobile qui m’a permis d’approfondir ce rapport à la couleur et à la lumière qui la transmet, en allant jusqu’à l’abstraction. J’ai cherché à inventorier le plus de nuances possible, à partager l’étendue et la variété des couleurs selon les heures, les saisons, le climat à partir d’un même point de vue… À noter que toutes les couleurs de ces photographies sont naturelles et sans aucune retouche ou artifice.
Que souhaitez-vous montrer ?
Paradoxalement, je ne souhaite rien montrer, mais plutôt donner à voir, faire regarder, s’interroger, ressentir, susciter une expérience esthétique. Ces 36 photographies prises du même balcon avec les mêmes orientations, ne montrent pas la « vue », mais plutôt des abstractions de ce paysage. C’est donc beaucoup plus une fenêtre sur un monde intérieur.
Comment définissez-vous ce travail ?
C’est un travail de patience, fondé sur l’observation, le temps, la sensibilité à la lumière, l’attente du bon moment, de la "serendipidité". C’est une quête plasticienne des couleurs et de leur expression au travers de formes reconnaissables ou non. Et ensuite, c’est la construction d’une série à la manière d’une fugue où les photographies se font écho, créent un rythme et jouent librement entre elles. Ce travail se veut aussi un dialogue avec le public, libre lui aussi d’imaginer et de projeter ses propres interprétations de ces tableaux photographiques abstraits.
Comment êtes-vous venue à la photographie ?
J’y suis venue par des chemins détournés. C’est en travaillant pour des scénarios que j’ai commencé à prendre d’abord des photographies de repérage, puis d’ambiance et d’atmosphère, et enfin de situations, avant d’élaborer mes propres séries, indépendantes de tout scénario et fonctionnant par elles-mêmes. J’ai trouvé ainsi un medium idéal pour exprimer le monde au travers de la couleur.
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