FEMMES DE MARINS de Bruno Beucher
Édition limitée, numérotée, signée par l'auteur et certifiée par un cachet à froid. Format 15x21 cm (format cahier), 114 pages. 49 photographies.
Le livre de Bruno Beucher sera imprimé sur papier semi-mat 170 gr
L'interview de l'auteur :
- Comment vous est venue l’idée de ce travail ? Depuis combien de temps arpentez-vous les ports ?
Je voulais réaliser un travail autour du portrait dans un environnement de grands espaces. J’habite à deux heures de route de quelques ports de Normandie, j’ai donc envisagé le monde de la pêche en mer. De nombreux travaux de qualité ont été et sont encore réalisés sur les marins pêcheurs et j’ai tout naturellement regardé à côté pour parler de leurs épouses qui sont indispensables à l’équilibre et au bon fonctionnement de la pêche en mer. Au départ, j’avais en tête les images d'Épinal de la femme seule attendant son mari derrière une vitre ou vendant du poisson sur le quai, tout en pensant que ce ne serait probablement pas ça que j’allais découvrir. Et je n’ai pas été déçu. J’ai commencé au Tréport en novembre 2013, 6 ans déjà. Mon travail et mon angle n’étaient pas bons. J’ai laissé tomber pendant deux ans avant de m’y remettre en mars 2016 avec un voyage en Bretagne qui a donné de meilleurs résultats notamment concernant l’angle constitué de portraits naturels montrant ces femmes dans leur environnement, je réalisais des interviews que j'enregistrais permettant d’extraire des témoignages forts et authentiques. Ensuite, j’ai enchaîné les séjours de deux semaines dans différents ports de pêche des côtes françaises, de la Normandie à la Méditerranée.
- « Femmes de marins » est une série de portraits de personnes que l’on ne voit pas ou peu et dont on ne parle quasiment jamais, pourquoi ce choix ?
Je l’ai fait sans trop réfléchir. C’était une évidence pour moi, car j’avais intégré sans m’en rendre compte que mon centre d’intérêt allait vers des gens simples, inconnus, invisibles mais qui méritent que l’on s’arrête sur eux et leur vie parfois compliquée. La crise sanitaire que nous vivons a montré à quel point le pays fonctionne avec ces gens-là et à quel point nous n’y faisons pas attention. J’ai envie de continuer dans cette voie pour mes futurs projets et cela bien avant la crise sanitaire. J’ai réalisé en mars 2019, une série sur les agents municipaux au Cap-Ferret. C’est exactement la même idée puisqu’ils entretiennent et réparent nos lieux de vacances et nous ne nous rendons pas compte à quel point leur travail est essentiel. - Pourquoi avoir choisi le N&B ? C’est une excellente question. Je voulais donner une unité visuelle à ma série. Les prises de vues retenues pour le livre ont eu lieu à diverses époques de l’année et sont échelonnées sur trois, quatre ans. J’avais également envie depuis quelque temps de m’essayer au N&B, cela m’attirait de plus en plus. Un jour, j’ai réalisé que mes photographes préférés travaillent ou ont tous travaillé en N&B. (Salgado, Michael Kenna, Peter Lindbergh, etc), du coup c’est devenu une évidence pour ce travail
- Que souhaitez-vous transmettre ?
Je veux parler de personnes invisibles, que personne ne voit au quotidien et qui pourtant sont essentielles. Tout le monde sait que la mer est dangereuse, mais on ne met pas de visage sur ces femmes qui ont perdu leur mari dans l’exercice d'un métier consistant à rapporter de quoi remplir nos assiettes. Voyez Odile à Penmarch, Mathilde à Saint-Jean-de-Luz, et Thérèse à Ile de Sein ces femmes sont fortes et ont surmonté la douleur. La plupart des gens savent que les marins partent parfois longtemps, prennent des risques et laissent leurs familles seules pendant leur absence, mais ils ne se demandent pas qui sont ces femmes qui assurent le quotidien en l'absence de l'autre, comment elles le vivent et quels sont leurs métiers. Je mets un visage sur leur rôle de femmes à côté du marin, je montre qu’elles sont des femmes comme les autres, qui doivent gérer un quotidien souvent plus compliqué que les autres et que cela nécessite des traits de caractère hors du commun.