JE EST UNE AUTRE de William Guilmain
La maquette, l’impression et le choix du papier sont réfléchis avec l'auteure afin que l’ouvrage corresponde avec le plus de justesse possible à son travail.
Le livre de William Guilmain sera imprimé sur un papier couché semi-mat 170 gr.
Édition limitée, numérotée, signée par l'auteur et certifiée par un cachet à froid.
Format 21x15 cm (format cahier). 80 pages. 47 photographies
La photographie de William Guilmain entrouvre les portes d’univers où le vivant est un bruissement, un souffle, une ombre, un bougé, un flou qui ne cherche pas la netteté. L’émotion ne se définit pas, elle se ressent, ouvre à une autre lecture. Les associations deviennent multiples, les possibles infinis. Si la photographie est une écriture de lumière, il est ici question de poésie.
INTERVIEW DE WILLIAM GUILMAIN
Qu’est-ce qui vous pousse à photographier ?
Si j’étais cabot, je répondrais : ce qui ne m’empêche pas de le faire. J’inscris la photographie dans une nécessité plus large, qui est celle de créer. Mon besoin de création et d’expression s’est d’abord manifesté clairement au travers de l’écriture et plus particulièrement la poésie lors de mon adolescence. À l’âge d’environ vingt ans, j’ai découvert la photographie, et progressivement j’ai remarqué que j’écrivais de moins en moins. Il me semble que les images sont plus puissantes que les mots pour dire l’indicible… Je crois aussi que je suis très pudique quant à mes émotions et que je me sens un peu moins mis à nu au travers d’images où j’aime à brouiller les pistes. Comme le disait Elliott Erwitt : « Tout l’intérêt de la photographie est que l’on n’a pas à expliquer les choses avec des mots ». Quoi qu’il en soit, créer est pour moi une nécessité absolue. C’est aussi indispensable que respirer. Je me questionne sur cette nécessité. Est-elle universelle à chaque être humain ? Au regard des peintures rupestres des hommes préhistoriques, j’ai tendance à le croire et à voir à présent dans l’art une manifestation inhérente au fonctionnement d’un encéphale d’Homo sapiens. Une singularité de son espèce.
Que souhaitez-vous mettre en avant dans votre travail ?
Ma photographie est polymorphe. Mes sujets d’étude varient au gré de mes lectures, rencontres, découvertes. De prime abord, aucune de mes séries ne se ressemble sur le fond comme sur la forme. J’ai abordé différents sujets, comme le harcèlement de rue (série Urban Women), le deuil de l’enfance (série No kids around), la jouissance du sentiment d’appartenance au cosmos (série Cosmos), la résilience (série Les Rebords du monde), le rapport évolutif entre le corps féminin et le monde végétal (série De sève et de sang), la mythologie (série Eurydice), sous des formats différents (couleur, noir et blanc, digital, argentique). Et pourtant, au travers de toutes ces séries, il me semble que des motifs reviennent régulièrement comme le besoin de poésie, de mise en exergue de la fragilité et du caractère éphémère de chaque chose, de la féminité. Il me semble que mon travail questionne la notion d’apparition et de disparition, du rêve et du réel, de la joie absolue du moment présent et de la crainte immédiate de sa résorption. J’espère proposer un art sincère qui touche au cœur en nous remettant au centre de notre humanité et à notre place dans le cosmos. Concernant le livre que je propose ici, c’est une invitation au rêve et une ode à la féminité. Les frontières des choses et des êtres deviennent floues. Le monde se désincarne et se réincarne en une danse incessante. Le temps se suspend, s’accélère. Le fil de la vie s’accroche aux branches, la jeunesse se rembobine, la maturité se présente, le temps n’a plus d’importance. Les regrets deviennent acceptables.