LA BATAILLE DE TESTET de FRÉDÉRIC SCHEIBER
Corridor Éléphant Éditions propose depuis plus de dix ans des livres d’artistes émergents en édition de collection, limitée, numérotée et signée.
Le livre de Frédéric Scheiber est disponible en édition de collection, numérotée, imprimée sur un papier 170 g, avec une couverture pelliculée mate 350 g.
Format 21x15cm. 72 pages. 50 photographies.
Il y a l’Homme, celui dont on se dit en faisant défiler les pages, qu’il n’a rien d’un belligérant ou d’un soldat et que, quelle que soit la cause qu’il défend ou défendra, il y a peu de chances qu’il fasse le poids face à un adversaire en armure. Il y a l’armure démultipliable à l’infini et la question qui surgit au détour d’une photographie : qui sont les inconscients qui lui ont donné les moyens de se démultiplier ? Il y a la nature théâtre et sujet du combat, qui questionne à qui sait l’entendre : quand cessera-t-on de me malmener ? Il y a la photographie dont le cadrage parfaitement maîtrisé surprend autant qu’il permet de laisser pleine place au sujet.
Le travail de Frédéric Scheiber dit l’humilité nécessaire au passeur d’information, l’urgence de la prise de conscience, la beauté de l’image, la justesse d’un regard.
INTERVIEW
Pourquoi avoir photographié Sivens ?
En mai 2014, je suis encore photojournaliste staffeur au sein de la rédaction de 20 Minutes Toulouse, en attendant un licenciement global de tout le service photo prévu par la direction. Un jour, je vois passer parmi les nombreux mails que nous recevons à la rédaction une information sur l’occupation par quelques dizaines de militants écologistes d’une zone boisée près de Toulouse contre le projet d’un barrage. J’en parle à un de mes amis journalistes, mais il n’y croit pas trop et puis dans deux mois l’aventure 20 Minutes s’arrêtera.
Début septembre, alors que comme chaque année je suis à Perpignan au festival Visa pour l’Image, des articles commencent à parler du sujet, car les travaux ont commencé et une opposition vive se met en place.
À mon retour, je décide de m’y rendre et nous partons avec des collègues photographes sur le site.
À peine arrivé, le choc est intense et violent. Une forêt se meurt sous la pression de la main de l’homme. Dès lors, le sujet m’interpelle et notamment la mobilisation sur place.
Encerclés par des gendarmes, des jeunes (pour la plupart) résistent pacifiquement sur des parcelles de terrain à côté du vacarme d'engins de chantier qui abattent des arbres à la chaine.
Pourquoi avoir choisi de faire « carrière » dans la photo documentaire ?
L’apprentissage a été progressif.
Dans un premier temps je souhaitais faire de la vidéo documentaire, mais à l’issue de mes études à l’école de journalisme de Toulouse, c’est finalement la photographie qui a retenu mon attention et dès lors j’ai commencé à traiter l’actualité immédiate, dites hot news.
Progressivement mon attention s’est portée sur les reportages à long terme, de type magazine, plus axés documentaire.
Je suis persuadé que le temps est un allié précieux pour réaliser ces longs formats et pour amener une meilleure compréhension du sujet.
Qu’est-ce qui vous a orienté sur le noir & blanc sur ce sujet ?
Tout d’abord le noir et blanc est ma première écriture photographique.
J’ai eu la chance de commencer à travailler en argentique et durant cette période le laboratoire faisait partie intégrante du processus.
Pour ce sujet, il y avait un challenge personnel car je sortais de 10 ans de reportages en couleur et que j’avais envie de revenir vers du basique et de travailler en format carré.
Quel souvenir gardez-vous de cet événement ?
La tristesse : Rémi Fraisse n’aurait pas dû mourir à Sivens.
Le gâchis : toutes ces destructions n’auraient pas dû avoir lieu.
La joie : toutes les rencontres sur la ZAD m’ont permis de voir des femmes et des hommes engagés et motivés pour l’environnement. Une nouvelle génération déterminée pour faire entendre un combat légitime dans notre époque.
Qu’est-ce qui vous pousse à photographier ?
La curiosité et l’envie de transmettre.