MINUTEROS de Justine Montmarché et Sébastien Bergeron
Corridor Éléphant propose une collection de livres papier en édition limitée, numérotée et signée. Ces livres sont disponibles dans sa librairie en ligne.
La maquette, l’impression et le choix du papier sont réfléchis avec l’artiste afin que l’ouvrage corresponde avec le plus de justesse possible au travail du photographe. Le livre de Justine Montmarché et Sébastien Bergeron sera imprimé sur un papier couché semi-mat 170 gr.
Il y a quelque chose de l’ordre de l’enchantement à découvrir les portraits de Justine Montmarché et Sebastien Bergeron. Le travail photographique comme le procédé sont en dehors et à l’abri de la course du temps, leurs photographies, le fruit de rencontres fortuites ou désirées.
Avoir l’autre pour principal sujet derrière l’objectif, c’est en fixer sa perception, un portrait donne finalement autant à voir la personne photographié que le photographe et il est rare de découvrir dans un travail une humanité telle qu’il en devient involontairement témoignage de l’époque.
Édition limitée, numérotée, signée par les auteurs et certifiée par un cachet à froid.
Format 15x21 cm (format cahier).
110 pages. 74 photographies
INTERVIEW DES PHOTOGRAPHES
Pourquoi avoir choisi le portrait ? Quelle est votre démarche ?
Chacun de notre côté, nous avions toujours eu un attrait pour le portrait, les rencontres, les échanges, nourris visuellement par les photographes humanistes, et les photoreportages, depuis des années. Réussir à poser sur film ce qu’est une personne, et non juste ce à quoi elle ressemble, fait du portrait une discipline plus subtile qu’elle ne peut en avoir l’air.
Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous travaillions chacun sur nos travaux respectifs, principalement de la photographie documentaire. On photographiait, dans les écoles en Afrique de l’Ouest, les gens de la débrouille, beaucoup de personnes travaillant dans le domaine du recyclage, des ferrailleurs, etc.
Notre démarche a été transformée, chamboulée, suite à la rencontre d’Issa, un photographe malien qui travaillait en direct dans les rues, avec un appareil photo laboratoire deux en un : une vieille boîte usée par le temps et les chimies, qui sortait des petites photos noir et blanc, pleines de défauts, mais avec un charme fou. Il prenait la photo, se faisait payer, et se reposait pour discuter avec des personnes. Le fait d’interagir en direct dans les rues avec les personnes, la place plus humble que le photographe reprenait dans son environnement, le fait de redonner de la vie à une ruelle en proposant une activité utile, gagner sa vie de cette manière, tout ça a joué un rôle déterminant dans l’évolution de notre démarche. En une journée, nous avons trouvé un métier lié à la photographie, qui réunissait beaucoup de nos critères recherchés : rencontres, nomadisme, travail manuel, labo photo, et gagne-pain.
Dans nos imaginaires personnels, nous avions aussi en tête cette photo de Roger Fenton et sa charrette-laboratoire ambulant.
En rencontrant ce photographe malien, nous nous sommes dit que c’était finalement peut-être possible de faire revivre ce type de photographie.
Pourquoi avoir choisi de photographier avec un minutero ?
La toute première fois que nous avons vu cet appareil, nous avons été bluffés par le simple fait de pouvoir, à la fois, faire la prise de vue, et ensuite développer directement à l’intérieur de l’appareil. Un gros Photomaton, mais avec une sorte d’aura particulière.
L’objet en lui-même est extrêmement intrigant, surtout lorsqu’on aime la photographie argentique et que l’on n’a jamais entendu ni vu ce type d’appareil.
Pouvoir réaliser un tirage en direct permet de créer très rapidement une relation de confiance avec la personne qui pose. Quoi qu’il arrive, elle sait qu’au bout de cinq, dix minutes, elle aura son tirage. Ça n’a l’air de rien, mais le simple fait de tenir sa promesse vous fait entrer dans un autre niveau de relation très rapidement. Une confiance est établie. Pas de promesses d’hypothétiques tirages envoyés plusieurs semaines après. En Afrique de l’Ouest, ces mensonges à répétition ont rendu les gens méfiants, c’est vraiment dommage. Auparavant, nous avions déjà utilisé des polaroïds pour établir des échanges gagnant-gagnant. Deux polaroïds pris, un donné, un gardé. Mais cette pratique revenait relativement cher. La photographie ambulante est certes plus encombrante, mais beaucoup moins coûteuse.
C’est aussi un merveilleux outil pédagogique pour expliquer la création d’un tirage photo!
Tout cet attirail paraît lourd, encombrant, fastidieux, mais il faut comprendre que, paradoxalement, vous avez un commerce de photographie complet condensé dans une grosse boîte en bois, un labo argentique portatif, un trépied, un petit siège, et un bout de trottoir. Il y a beaucoup de poésie dans cette pratique.