NO BORDER de THIERRY MAZUREL
Corridor Éléphant Éditions propose depuis plus de dix ans des livres d’artistes émergents en édition de collection, limitée, numérotée et signée.
Le livre de Thierry Mazurel est imprimé sur un papier semi-mat 170 g. Édition limitée, numérotée, signée par l'artiste et certifiée par un cachet à froid.Format 17 x 22 cm. 74 pages. 51 photographies.
La photographie de Thierry Mazurel, est une photographie « orpheline », chaque image est autonome, un équilibre en soi, tant dans le cadrage que la chromie. Chacune des images conte sa propre histoire, et en dit une autre dès qu’elle est lue dans la série. Commence alors un involontaire voyage que l’on entreprend au fil des pages pour mettre ses pas dans ceux du conteur et ses yeux dans ceux du regardeur. Et si nous ne reconnaissons pas notre chemin, c’est peut-être parce que l’instinct nous dit qu’ici l’espace est sans frontières.
INTERVIEW
Comment vous est venue l’idée de ce travail ?
No Border est né au sein du 1er Foto Masterclass animé par FLORE, Sylvie Hugues et Adrian Claret. C’était en 2018. Mais le fondement de la série et son tracé géographique ont pour base un petit roman que j’ai écrit au préalable intitulé Sale Bête (qui est resté confiné dans le tiroir d’un bureau). L’histoire débute dans l’Ain pour se terminer en Bulgarie. C’est une traversée de l’Europe continentale effectuée par un Français et un Bulgare qui, au fur et à mesure de leurs pérégrinations, sont atteints d’un étrange dédoublement canin de la personnalité. Ils deviennent chiens.
Entre 2018 et 2020 je suis retourné a posteriori sur les pas de ces deux personnages qui n’existaient que sur le papier. L’Ain, les Bauges, les Alpes, Bergame, Trieste, Ljubljana, les plaines slovènes, Zagreb, Belgrade, et puis la Bulgarie curieuse et sidérante. Plusieurs voyages effectués en train, en voiture, à pied ; toujours en hiver ou en automne pour garder une cohérence des lumières et de l’atmosphère.
Pourquoi le choix de la dominante Noir et Blanc ? Et du format carré ?
Le noir et blanc s’est imposé dès le départ, tout comme le format carré, d’ailleurs. Ces deux « contraintes » étaient d’autant plus faciles à maîtriser que mon appareil (Fuji X100-T) est techniquement capable de proposer l’image en noir et blanc et dans ce format carré à la prise de vue. Je vois l’image dans le viseur telle que je souhaite qu’elle devienne sur le papier ; ça me permet de prévisualiser le travail sans passer par la phase de retouche ou de recadrage.
Le noir et blanc est une esthétique que j’affectionne particulièrement en photographie comme au cinéma. Je pourrais multiplier les références de Béla Tarr à Mankiewicz, de Jarmush à Pawlikowski au cinéma ; ils sont aussi nombreux en photographie.
Ensuite il y a eu la volonté de travailler sur les nuances de gris et de ne pas jouer avec des contrastes noir et blanc trop accentués qui sont tentants mais aussi une solution de facilité esthétique.
Au fur et à mesure que les images naissaient et que l’editing s’étoffait, des envies de couleurs sont nées et je réalise qu’elles apparaissent au final par petites touches sur des images où la nuit est tombée.
Quant au format carré, il s’explique par la volonté de mettre l’accent sur le côté intime des images et des paysages et de ne pas les laisser apparaître en cinémascope. Ce n’est pas un travail sur les grands espaces mais plutôt une vision resserrée des choses et de l’environnement ; je me disais souvent que ces photos pourraient être prises par un chien, à hauteur de chien.